Il arrive qu'une discipline se constitue parce que, quelque part dans la société, ont été produites des informations dignes d'être exploitées. En universalisant la nomination de personnes, via le baptême, en inscrivant cette reconnaissance de l'individu sur des registres, la Chrétienté a mis en place une formidable base de données et fait naître la démographie le jour où le registre paroissial, devenu aujourd'hui d'état civil, compléta le recensement, que des Empires désireux de connaître leur force pratiquaient déjà de loin en loin.

Le démographe est d'abord celui qui manie ces deux sources, celle des événements et celle de l'état de la population, sans jamais oublier leur inscription dans le temps. Qu'il approfondisse les allers et retours de l'histoire individuelle à l'histoire sociale qu'il s'attache aux déplacements de personnes, aux comportements spécifiques de groupes qu'il aura contribué à constituer et à comparer, qu'il élabore des modèles théoriques ou accumule les observations, qu'il se mêle de la collecte statistique, son rapport avec l'information reste critique et pragmatique :

L'essentiel est de contribuer à comprendre la société dans laquelle nous vivons en comparant à celles du passé et du vaste monde. Transdisciplinaire par essence, la démographie a une forte reconnaissance externe qui lui permet d'éclairer les autres disciplines.


Qu'est-ce que la démographie ?

Le terme démographie n'est proposé par Achille Guillard qu'en 1855. Paul Vincent la définit comme l'étude des populations humaines traitant de leur dimension, de leur structure, de leur évolution et de leurs caractères généraux envisagés principalement du point de vue quantitatif". (Dictionnaire démographique, ONU, 1958, repris en 1981).