Institut national d'études démographiques
Institut national d'études démographiques
(*) Professeur, Unité de recherche Mathématiques Appliquées (Université de Pau)
L'Organisation Mondiale de la Santé estime qu'environ 66 millions de personnes souffrent de la maladie du sommeil dans 36 pays de l'Afrique sub-saharienne. Cette maladie est transmise par la mouche tsé-tsé qui sert de vecteur pour le parasite. Une mouche infectée qui pique un homme sain infecte cet homme et une mouche saine qui pique un homme infecté sera à son tour infectée. Nous présentons un modèle compartimental de la dynamique des populations saines et infectées dans le but de mieux comprendre l'épidémie et de trouver des stratégies de luttes optimales. Ce modèle s'applique à une "unité épidémiologique" qui est constituée d'un village avec une population d'environ 300 hommes et d'une population de mouches d'environ 5000 individus. Le modèle met en évidence le "taux de reproduction" Ro de l'épidémie qui est le nombre d'hommes qui sera contaminé (via les mouches) par chaque homme infecté. Partant d'un homme infecté ou d'une mouche infectée, l'épidémie se propage si Ro>1, et s'éteint si Ro<1. L'épidémie peut être combattue par le dépistage des malades en phase asymptomatique et/où par le piégeage des mouches qui réduit leur espérance de vie et donc leur durée de vie infectieuse. Ces facteurs interviennent dans Ro et l'on peut alors étudier les combinaisons entre le dépistage et le piégeage qui amènent Ro en-dessous de 1. Nous montrons que cette combinaison dépend de la virulence de la souche du parasite et qu'une typologie des foyers de maladie du sommeil peut donc aider à déterminer la stratégie de lutte optimale. En conclusion nous indiquerons les directions dans lesquelles les travaux peuvent être poursuivis : modélisation démographique plus réaliste à l'aide de populations hétérogènes ou migrantes ; inclusion d'un "réservoir animal" du parasite (autre que l'homme), etc. Les questions de coûts et de choix éthiques entre les stratégies sont quelques unes des questions qui restent en suspens et sur lesquelles les auteurs souhaitent bénéficier des idées et réactions de l'auditoire. Ce travail est en collaboration avec Jean-Paul Gouteux, entomologiste médical de l'ORSTOM.
