(*) Professeur au Muséum national d'histoire naturelle, co-directeur du laboratoire d'Anthropologie biologique (UMR 152 du CNRS)
L'Afrique au sud du Sahara est loin d'être homogène du point de vue de l'épidémie de sida. Elle flambe ici alors qu'elle est stationnaire et à bas niveau là.
Les raisons de ces contrastes sont encore mal connues. Plusieurs facteurs sont suceptibles de jouer un rôle, comme les variations dans les types de virus, les différences de comportements sexuels et celles de fréquence des autres maladies sexuellement transmissibles, voire même la circoncision chez les hommes, mais l'influence de ces facteurs est mal connue. Une étude de cas en zone rurale au Sénégal sera présentée et les recherches à effectuer dans le futur pour mieux comprendre la dynamique de l'épidémie africaine discutées.
La discussion sera introduite par M. Badara SAMB, chargé de recherche à l'INSERM, U13, Institut de médecine et d'épidémiologie Africaine.
(**) PHD, Senior Demographer, The Futures Group, Washington DC.
Bien que Madagascar soit submergée pour le moment par d'autres problèmes de sante (paludisme, tuberculose, bilharziose, peste, etc.), l'épidémie de sida pourrait bien exploser. Tous les facteurs de risque pour un tel démarrage sont en effet réunis: prostitution très importante dans les villes, partenaires sexuels multiples, forte prévalence des MST (50% des femmes de 15 à 49 ans?), faible niveau d'utilisation des condoms, migrations internes et internationales et coutumes traditionnelles.
Des projections basées sur le modèle AIM (AIDS Impact Model) ont montré que l'épidémie pourrait suivre un scénario "faible" ce qui donne 3% d'adultes séropositifs en l'an 2015 ou un scénario bien plus grave, avec 15% d'adultes séropositifs en l'an 2015. L'avenir de l'épidémie pourrait potentiellement être déterminé dans une large mesure par les actions préventives entreprises dès à présent.
La stratégie de sensibilisation des dirigeants, des groupes exposés et de la population s'appuie sur le modèle AIM et une brochure (lequels sont présentés selon un plan de dissémination rigoureux), sur l'utilisation d'événements nationaux comme la Journée mondiale du SIDA ou, encore, sur l'utilisation d'autres media (par exemple, un film video). Les actions concrètes proposées sont le contrôle des MST (au moyen d'algorithmes syndromiques), le marketing social des condoms, les campagnes d'IEC et le travail direct avec les groupes exposés et de transmission ainsi que les prostitué(e)s pour les sensibiliser. Des problèmes subsistent cependant: l'engagement limité par rapport à l'urgence de la situation, la difficulté de l'analyse coût-efficacité des moyens préventifs proposés, la mobilisation difficile des ressources et, enfin, la coordination délicate des activités entre le Gouvernement, les bailleurs de fonds et le secteur privé.
La discussion sera introduite par Benoit Ferry (ORSTOM-CEPED).