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Séminaire "Démodynamiques"

La demande contraceptive au sein des couples sahéliens : les attentes des hommes rejoignent-elles celles de leurs épouses ? Le cas du Burkina Faso et du Mali.

Armelle Andro(*) et Véronique Hertrich (**)

Jeudi 18 juin 1998,  de 14 à 15h (salle 111/121)

(*) Allocataire de recherche à l'INED
(**) Chargée de recherche à l'INED


L'exposé sera retransmis en direct puis en différé sur internet (audio)

Résumé :

La transition de la fécondité n'a débuté que récemment en Afrique sub-saharienne. Dans la plupart des pays les niveaux de fécondité restent élevés. Dans certains cas, comme au Mali et au Burkina Faso traités ici, aucune baisse de la fécondité n'a encore été enregistrée. On a souvent dit que c'est le peu d'efficacité des services de planification familiale qui expliquerait la persistance des niveaux élevés de fécondité dans cette région. En effet, la demande de contraception semble exister : il a été estimé qu'une part importante des femmes (un femme mariée sur quatre) souffrait d'un "besoin insatisfait de planification familiale". Mais une telle estimation, centrée sur les femmes, est-elle réellement un bon indicateur du potentiel d'utilisation de la contraception dans ces sociétés patriarcales ? Quelle est la demande de contraception de la part des hommes ? Peut-on considérer qu'il existe un projet commun de planification familiale entre conjoints ?
Pour aborder ces questions, nous utilisons, dans cette communication, les données des Enquêtes Démographie et Santé (EDS ou DHS) réalisées en 1993 au Burkina Faso et en 1995/96 au Mali. Le cas du Ghana (EDS 1993), où la fécondité a commencé à diminuer, est utilisé à des fins de comparaison. Une première partie compare les attentes des hommes à celles des femmes, en matière de fécondité et de contraception. La deuxième partie examine la demande contraceptive des couples, en comparant les attentes des époux et en analysant les déterminants d'une demande convergente en matière de planification familiale.
Les résultats suggèrent l'articulation de deux logiques de reproduction différentes, l'une exprimée par les anciennes générations, l'autre par les jeunes générations.
Les femmes des anciennes générations sont les seules à exprimer clairement un besoin en matière de contraception. Ces femmes ont déjà atteint une descendance nombreuse ; la moitié d'entre elles déclarent ne plus vouloir d'enfants mais ne pratiquent aucune méthode contraceptive. Leurs maris sont par contre beaucoup moins nombreux à souhaiter limiter leur descendance. Finalement, rares (10 %) sont les couples dont les deux conjoints expriment une même demande de limitation des naissances. De plus, même dans cette minorité, la convergence ne résulte pas d'un dialogue entre conjoints : les époux ont les mêmes opinions parce qu'ils sont issus du même milieu social (la minorité urbaine scolarisée) et non parce qu'ils défendent un projet familial élaboré en commun. Au sein de ces générations anciennes, dans les pays du Sahel, les hommes jouent apparemment un rôle décisif dans l'adoption de la contraception : il est rare qu'une femme utilise une méthode contraceptive si son mari exprime d'autres préférences en matière de fécondité.
La situation semble différente pour les jeunes générations. Leur demande en matière de limitation des naissances est encore faible au moment de l'enquête parce qu'elles sont en début de vie féconde. Mais une proportion notable de ces jeunes, hommes comme femmes (de 40% à 60% selon le pays et les sexe), déclarent souhaiter utiliser une méthode contraceptive dans le futur. La convergence sur une utilisation future de contraception concerne un cinquième à un tiers des couples et est plus souvent lié à des caractéristiques conjugales, au dialogue dans le couple et à une attitude favorable à la planification familiale.

La discussion sera introduite par Ngoy Kishimba (IFORD/CEPED)


Animateur de la séance :  Nicolas Brouard
On peut trouver le programme du séminaire ainsi que d'autres informations sur les transmissions sonores à l'adresse suivante de la Toile http://sauvy.ined.fr/seminaires/demodynamiques . Il est également possible de recevoir le programme en envoyant la commande "subscribe demodyn Nom Prenom Institut" à l'adresse électronique demodyn-request@sauvy.ined.fr.
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