(*) Luc Arrondel, Delta (Unité mixte de recherche CNRS-EHESS-Ens) et François-Charles Wolff, Len-Cebs, Nantes et CNAV, Paris.
Deux hypothèses fondamentales sont avancées pour expliquer les comportements de
transferts inter vivos descendants : l'altruisme qui fait dépendre le bien-être des
parents de celui de leurs enfants, et l'échange où les deux générations sont
impliquées dans des relations de réciprocité. A partir de ces deux types de
comportements, nous étudions les déterminants des différentes aides (logement, argent,
prêt, caution) et des donnations recensées dans l'enquête "Actifs Financiers"
de l'INSEE réalisée en 1992 sur un échantillon de 9350 ménages.
Cette analyse met en évidence plusieurs résultats originaux. Les aides en logement et en
argent s'apparentent souvent à des investissements dans le capital humain des enfants.
Par contre les prêts d'argent et la caution correspondent davantage à des tranferts qui
peuvent être expliqués par le fait que les enfants sont souvent contraints par la
liquidité.
Contrairement aux prédictions du modèle altruiste, le montant des donations augmente
avec les revenus des bénéficiaires et cette pratique apparaît comme un transfert
anticompensatoire.
Nos résultats confirment également certaines conclusions importantes de travaux
français antérieurs, à savoir la complémentarité et la transmissibilité des
pratiques de transmission. Les aides apparaissent souvent complémentaires, au moins pour
certaines d'entres elles. Les ménages aideurs accompagnent par exemple souvent l'aide au
logement ou le prêt d'un versement d'argent. Nous observons aussi une forte
transmissibilité des pratiques pour la donation et les aides : on donne plus souvent si
l'on est donnataire, on aide plus fréquemment et de préference sous la même forme si
l'on a été aidé.