(*) Doctorante à l'INED.
La politique de contrôle des naissances mise en oeuvre en Chine au début des années 70 a été à l'origine d'une baisse rapide de la fécondité, y compris en milieu rural. La rigueur accrue du programme, avec l'adoption en 1979 de la politique de l'enfant unique, a en revanche suscité une vive résistance, contraignant le gouvernement à consentir quelques concessions : depuis 1984, la règle de l'enfant unique reste intangible dans les villes et vivement encouragée dans les campagnes, mais les couples ruraux ont, dans certaines circonstances, le droit d'avoir un deuxième enfant.
Malgré ces concessions, un important décalage persiste entre les objectifs officiels de limitation des naissances et les désirs des couples ruraux en matière de dimension de la famille : chaque année de la décennie 80, près de la moitié des naissances survenues au sein de la population rurale n'avait pas bénéficié d'autorisation préalable. Les limites d'une politique de contrôle des naissances autoritaire et coercitive sont donc posées : la désagrégation progressive du système de contrôle social et d'encadrement des individus, l'autonomie économique recouvrée par les familles à la suite des réformes, la résurgence de pratiques culturelles traditionnelles, l'absence d'un système de retraite et d'assurance sociale généralisé, sont autant de facteurs qui continuent de favoriser, dans les campagnes chinoises, une fécondité supérieure aux normes prescrites.